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Épisode 0.1 : Être vulnérable, ce n'est pas être faible – Dre Isabel Filgueira, psychiatre Épisode 1

Épisode 0.1 : Être vulnérable, ce n'est pas être faible – Dre Isabel Filgueira, psychiatre

· 47:27

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Moi je pense qu'être vulnérable ce n'est pas du tout être faible.

C'est même être très fort que de reconnaître sa vulnérabilité.

C'est être conscients qu'on est des êtres humains, c'est être conscients qu'on peut se
blesser.

Bienvenue à "Soigner jusqu'à se briser".

Je m'appelle Steven Palanchuck.

Je suis médecin et aujourd'hui, je vous invite à une conversation qui me tient vraiment à
cœur.

Ce balado, c'est né d'un besoin, un besoin de parler des défis, des souffrances qu'on vit
comme soignants, souvent dans le silence.

On est formés pour soigner les autres, mais des fois, je me demande qui prend soin de
nous.

Quand j'ai partagé l'idée de ce projet sur les réseaux sociaux, j'ai reçu un message de la
Dre Isabel Filgueira.

Elle m'a écrit, on a échangé un peu, puis elle a tout de suite accepté de participer.

Isabel, c'est une psychiatre qui pratique à Sherbrooke, mais qui enseigne aussi à la
Faculté de médecine et des sciences de la santé à Sherbrooke.

Elle travaille avec des soignants, elle les accompagne, elle les écoute.

Donc, je trouvais qu'elle était vraiment bien placée pour comprendre ce qu'on traverse,

mais aussi pour analyser ce qui nous amène là, aux causes, mais aussi aux impacts.

Parce que dans ce qu'on dit, vous allez peut-être vous reconnaître, peu importe votre
parcours.

Donc, merci de prendre ce moment avec nous.

Et sur ce, je vous laisse avec ma conversation avec Isabel.

Pourquoi tu as accepté de participer à ce projet-là?

La santé des gens en général, ça me tient à cœur, mais essentiellement, je vois dans ma
pratique, j'ai des professionnels de la santé qui souffrent en silence beaucoup.

C'est dans cette optique-là où je pense que le projet s'inscrit dans quelque chose qui
vise à rendre accessible une oreille attentive.

Puis, ce projet-là de la plateforme avec des soins pour les soignants par des soignants,
je trouvais ça très important parce que...

c'est une population qui souffre souvent en silence, qui accueille beaucoup beaucoup
beaucoup de souffrances, mais qui ne reçoit pas, qui ne peut pas déposer cette souffrance

ailleurs.

C'est ça, c'est surtout ça.

Trouves-tu qu'on est très bon pour "connaître", savoir la théorie de comment prendre soin,
mais que quand vient le temps de passer à l'action, de poser des gestes concrets, c'est là

que c'est souvent difficile?

Oui, parce qu'on nous apprend à...

Je me souviens encore du message qu'on recevait, être les "grands" médecins.

C'était comme idéalisé, mais en même temps, même si on le savait d'une certaine façon,
c'est en nous.

C'est le devoir qui vient très profondément être ancré en nous.

C'est la première chose qui nous anime.

Quand on a conscience de notre vulnérabilité, on ne veut pas être faible.

Ce qui est plate et un frein à l'accès aux soins, c'est l'accueil de cette vulnérabilité.

C'est surtout ça.

On nous apprend à être forts, même quand je te disais, on nous apprend à dissocier.

On nous apprend à déconnecter de nos émotions pour accueillir l'autre, pour être capable
de faire notre travail.

Mais on ne nous apprend pas à vider le tiroir.

Parce que dans le tiroir, quand on se coupe, on met à quelque part cette expérience-là.

Cette expérience-là s'accumule.

Si on ne prend pas le temps de vider ce tiroir-là, il commence à devenir très lourd, très
encombré.

C'est là le pépin, ils nous apprennent à déconnecter, ils ne nous apprennent pas à vider
le tiroir, à prendre soin de ce corps qui accueille la souffrance.

Je crois que si on regarde même au plan neuroscientifique, nos cellules miroirs dans le
cerveau.

C'est quoi l'empathie?

Il faut qu'on connecte avec une partie de la souffrance de l'autre pour pouvoir
l'accueillir, pour pouvoir être à l'écoute.

Ce qui implique qu'on va en prendre une partie.

On accueille beaucoup, mais on ne sait pas, on ne nous apprend pas à vider le tiroir, à
prendre soin de soi.

Vraiment.

Tu opposes vulnérabilité et faiblesse.

Je trouve ça intéressant.

On peut être vulnérables tout en n'étant pas faibles.

Exact!

Moi je pense qu'être vulnérable ce n'est pas du tout être faible.

C'est même être très fort que de reconnaître sa vulnérabilité.

C'est être conscients qu'on est des êtres humains, c'est être conscients qu'on peut se
blesser.

La sagesse, c'est de savoir quand s'arrêter parce que pour moi la faiblesse, c'est de ne
pas reconnaître la vulnérabilité.

C'est là où tu vas tomber, c'est sûr que...

On est des êtres humains, on n'est pas des machines, puis on ne veut pas le devenir.

On veut garder cette humanité-là.

Cette humanité-là nous aide à connecter avec l'autre.

Donc c'est important d'en prendre soin, de ne pas se laisser devenir robotique.

Puis justement, quand on devient de plus en plus déconnecté, c'est qu'on perd cette
humanité-là.

Ça me fait penser à une autre chose dont on avait discuté, c'est l'expérience de trauma un
peu collectif entre tous les soignants qui peut parfois ressembler à l'expérience des

militaires.

J'imagine que tu reçois dans ton bureau des patients, des soignants qui ont beaucoup de
traumas en eux.

Mais je peux juste te remettre toi-même dans ton parcours à la résidence avant que tu
deviennes patron, avant de devenir full-fledged médecin pratiquant, tout diriger ta

pratique.

Ça aussi, c'est une transition quand même assez difficile.

Mais à travers les soins, on est exposés à la souffrance petit à petit.

On n'a pas supposément la responsabilité des soins initialement, mais on est quand même
témoins de beaucoup de souffrance.

Moi, je peux me souvenir de, je peux connecter.

C'est pas juste des souvenirs, c'est que je peux connecter avec des moments qui ont été
très marquants pour moi.

Est-ce que ça m'a marqué au même titre qu'un trauma?

Moi, je pense que le concept de

de blessures traumatiques au lieu que ce soit le PTSD, le trouble de stress
post-traumatique, il y a le concept du PTSI, le Post Traumatic Stress Injury.

Donc la blessure post-traumatique qui reste quand même comme une expérience très marquée.

Ça nous a marqué par le manque de ressources, par le manque de connaissances...

On n'a pas été accueillis ou on nous a mis là.

On a assumé que c'était ce qu'on voulait faire, puis on n'a pas donné de ressources, on
n'a pas accueilli justement la vulnérabilité.

Là, c'est juste, on l'avale, on l'avale.

Donc, on apprend à déconnecter à ces moments-là.

On apprend à se dire, bien, ça doit être comme ça.

ça.

ça.

donc on est exposés, un après l'autre, à la mort à maintes reprises.

C'est annoncer la mort aussi, de prendre soin des proches autour de la personne, parce que
c'est pas juste la personne qui vit un accident ou quelconque défi au niveau de la santé,

qui est accompagnée parfois par des gens, c'est de voir beaucoup la souffrance à
différents niveaux, de l'accueillir, c'est comme si c'est implicite dans notre travail.

Ça fait partie, tu sais, c'est comme, ben oui, ben je prends ça, pis je prends ça, pis je
prends ça, fait que tu sais, ça s'accumule.

Puis oui, il des expériences qui nous marquent plus, mais tu peux fermer les yeux et tu
peux la revivre.

C'est ça, le trauma.

Tu sais, c'est que quand quelque chose, en fait, ce qui est traumatique est une expérience
dans laquelle je n'ai pas été reconnu, je n'ai pas été accompagné.

Et c'est ça qui fait

que ça reste traumatique dans mon système nerveux.

Mon système nerveux reconnaît des indices et à chaque fois, mon corps va dire "Ça, c'est
dangereux pour moi." Quand je suis bien accueilli, quand je suis bien entouré, quand on

m'accueille dans ma souffrance, ça ne reste pas traumatique.

Donc, combien de fois nous sommes laissés à nous-mêmes dans le parcours?

Hein, n'est-ce pas?

Très tôt, là!

Très tôt.

Fait que c'est comme si ça fait partie de notre formation.

Peu importe, n'importe lequel.

Si je parle médicalement, oui, mais je pense à d'autres collègues, pis c'est la même
chose.

C'est implicite, ça.

Ça fait partie de la job.

Ouais.

c'est rapidement inculqué dans les valeurs.

Effectivement, c'est ça.

C'est comme ça qu'un médecin doit être ou devrait être, les modèles de rôle.

Ouais, c'est ça.

C'est ça.

Il y a peu de place à...

aujourd'hui t'as ta game ou aujourd'hui, va prendre une course ou va au gym, va au spa.

Il n'y a aucun patron qui disait ça.

C'est pas ça.

C'est pas...

Regarde, ce soir...

Regarde, aujourd'hui, moi, je vais finir la tournée, toi, va étudier sur tel sujet.

C'est comme si on ne reconnaissait pas finalement la personne complète qu'on avait devant
nous.

On a un étudiant, un résident, puis c'est comme si c'était juste ça notre vie.

Je t'avouerais que ça a été un peu ça l'impression que j'ai eue dans mon parcours, c'était
d'embarquer dans un train qui allait filer du point A au point B avec des stations,

des moments, des accomplissements prédéfinis : l'arrivée à l'externat, le choix de la
résidence, les examens du Collège royal...

Puis après ça, d'arriver à la fin, au bout, ou ce qu'on pense être le bout, puis
finalement d'être confronté à une espèce d'angoisse devant l'infini ou toutes les

possibilités qui...

tout à coup s'offrent à nous.

Puis souvent, en tout cas, Je vais parler pour moi, mais je me suis défini beaucoup comme
personne, comme "Je suis médecin" ou "Je suis en train de devenir médecin".

Mais là, une fois que tout ça était terminé, bien là, je me dis, bien, je suis quoi
d'autre?

Puis je le savais même pas.

Oui, oui, c'est ça.

Puis c'est triste parce que dans la société, je pense que c'est un problème plus large,
plus sociétal.

Quand on regarde un petit enfant, "Qu'est-ce que tu veux devenir?

Qu'est-ce que veux être dans la vie?".

Puis ça, "être" est associé à "tâche", associé à...

"Identité" est associée à "fonction".

Ça, c'est réparti, mais...

dans la culture médicale, dans la culture des soins, c'est principalement ça.

Tu es un outil.

Tu fais.

C'est ta tâche.

Puis c'est aussi quelque chose de, il a l'ordre, il y a le collège, c'est punitif.

Si tu ne pas ça, alors c'est mal.

Je comprends qu'il a quand même une organisation qui doit

chapeauter la pratique parce que sinon ça serait n'importe quoi par moment.

Je pense qu'il y quelque chose de très contraignant, très stigmatisant aussi.

C'est comme si on n'avait pas le droit d'être...

Je ne vais pas me présenter : "Bonjour, je suis Isabel Figueira, je suis authentique dans
la vie.".

Ouais.

C'est pas la première chose qu'on va dire, C'est triste parce que c'est important de se
définir autrement que par ton titre.

Je pense que ça, c'est d'abord avant tout un problème sociétal, mais plus spécifiquement
chez les soignants, c'est comme si on n'a pas de vie à part ce qu'on fait et ce qu'on doit

faire.

Et puis comme je te disais, le "grand" médecin, le doyen qui parlait de ce que doit être
un médecin.

C'était vraiment du brainwash.

C'était vraiment avec une belle intention, je pense qu'il voulait faire de nous des
médecins connaissants et tout ça.

À la limite, je sentais par moment que c'était de l'endoctrinement quasiment, comme si
j'étais un militaire.

C'était ça.

un processus en fait, de devenir médecin.

Il n'y a pas une nuit où on s'est couchés, puis où on s'est réveillés le lendemain et tout
à coup, on était médecins.

Ça s'est fait progressivement.

Je me rappelle justement dans nos cours, l'annonce de la mauvaise nouvelle.

Comment mener un entretien.

"Rouler avec la résistance"

Oui, c'est ça.

Plein de beaux termes comme ça.

Je pense, comme tu dis, c'est rempli de belles intentions.

Je pense qu'on veut former des bons soignants.

Mais en même temps, j'ai l'impression qu'on n'est pas parfaitement outillés à gérer tout
ce que ça implique.

À accueillir.

À comprendre qu'on va éponger, mais que des fois c'est important d'aller vider l'éponge.

Parce que sinon, tu ne peux pas accueillir à l'infini.

C'est impossible.

Si tu veux être capable d'accueillir et continuer ce travail-là, il faut tu veilles à
aller justement vider ce tiroir, à aller adresser ce qui se passe, à reconnaître les

signaux

d'alerte bien avant, parce que nos collègues qui arrivent, le suicide c'est quelque chose
qui est très stigmatisé.

Ça, on n'en parle pas.

Moi je pense que c'est important d'en parler.

Je pense que c'est important de dire que c'est un continuum.

Ça n'arrive pas comme ça.

Les idées de mort passives, elles arrivent face à...

du surmenage, du découragement, du désespoir, c'est un continuum, c'est tranquille.

C'est lourd, la dépression, tout ça.

C'est comme un manteau de plomb.

Physiquement, on le voit chez les gens, ils sont affaissés.

Puis là, ça progresse.

Le moyen, la planification, l'intention qui monte.

C'est comme un odomètre.

C'est pas un processus instantané.

J'ai des idées suicidaires tout d'un coup, ça monte.

Il y a quelque chose qui aurait dû inciter la personne à aller chercher de l'aide quand,
mettons, cette souffrance-là devient lourde, se sentir lourd.

Comment est-ce que je fais pour décharger ça?

Donc, il y a un processus avant.

Dans la mise en place de tout ça, comme j'explique comme un odomètre, au départ, quand les
idées de mort passives arrivent, il me semble que...

C'est là que je me dis, tu sens que ton cerveau, d'habitude, il essaie de trouver des
stratégies pour survivre.

Comme ça, là, ça s'enlise, Il y a des signaux d'alerte, mais bien avant, tu sais, cette
lourdeur.

Fait que tu sais comme...

Donc, ça veut dire qu'il n'y a pas de mécanisme, il n'y a rien

qui est mis en place pour inviter la personne à aller chercher de l'aide en temps réel,
bien avant, bien avant que ça s'installe, cette lourdeur-là.

Comment ça se fait que tu t'es ramassé avec les 10 manteaux de plomb par-dessus?

Puis après ça, voir que la personne va s'en sortir comme, elle va prendre un congé de
maladie?

Excuse-moi, je trouve ça tellement drôle quand les gens disent "congé de maladie".

Tu sais, c'est comme une période, tu sais, d'arrêt de travail...

en trois mois ?

Ça fait rien, trois mois.

Trois mois, c'est comme quand quelqu'un me dit, "Je vais prendre deux semaines".

Mmh.

Deux semaines?

Deux semaines?

C'est rien deux semaines.

Non.

Non c'est ça.

C'est habituellement, en bas de 3-6 mois, c'est rare que...

Moi dans mon expérience jusqu'à présent, c'est ce que je vois.

Ça veut dire que tu as cumulé et cumulé énormément.

Comment ça se fait que tu t'es ramassé avec toute cette lourdeur-là et que tu n'as jamais
adressé ça?

Ça veut dire qu'il a une faille, il n'y a aucun apprentissage de reconnaître les signaux
pour dire « Eh, il me semble que je dors moins bien, je mange moins bien, où est mon

espace personnel, est-ce que je vois du monde?

».

Mais pas pour étudier, pas pour travailler sur des choses, des projets, sur un comité.

Non, ça, c'est pas voir tout le monde, c'est continuer à travailler sur un autre format.

De changer les idées, de faire de l'art, de la création, de stimuler les côtés de ton
cerveau, pas juste être dans l'intellect, l'intellect, l'intellect, le rationnel.

Bref, je pense qu'il y a quelque chose qui manque dans l'apprentissage à la base.

C'est pour ça que ça m'intéresse de continuer à travailler avec les étudiants en médecine.

En tant que professeure d'enseignement clinique, dans mes groupes, en tant que tel, je
leur dis, allez au spa.

Je leur partage des techniques de relaxation.

Je fais mon module comme je dois le faire.

Je rajoute juste des petits clins d'œil.

C'est drôle parce que les étudiants,

intéressés, restent après et peuvent dire « J'ai essayé votre affaire!

».

Mais c'est facile.

C'est juste de donner quelques petits outils comme ça, mais ce n'est pas incorporé dans le
programme de médecine.

On est très souvent mal à l'aise quand on a des collègues qui visiblement ne vont pas bien
parce qu'ils vivent des choses qui parfois on ne pourrait jamais se douter qu'est-ce qui

se passe quand on retire le stéthoscope, qu'on retourne à la maison et qu'on n'a plus
notre masque de soignant.

Quand on retire ce masque-là, des fois, c'est difficile de...

comme tu dis, de s'écouter, de reconnaître les signaux.

Puis quand on est confrontés à des collègues qui vivent aussi des situations difficiles,
on a de la difficulté à intervenir ou à savoir quoi dire.

Et puis on ne nous apprend pas à "être" avec l'autre.

On nous apprend à intervenir justement.

de la corégulation émotionnelle, donc être avec l'autre.

L'autre n'a pas besoin que tu lui donnes des conseils.

L'autre a besoin que tu sois avec.

Pas de lui, pas de tasser la souffrance, pas de dire « ça va bien aller », non, dis pas ça
SVP.

C'est...

Non, ça se peut que ça aille pas bien, mais regarde, moi je suis là puis je t'écoute.

Dis-moi.

Je te réflète !

"Ça n'a pas l'air d'aller".

Tu peux le dire autrement, mais "Je te sens comme, tu soupires plus.

C'est pas une critique".

C'est juste, puis c'est ça, c'est juste de pointer.

"Tu fais ça, j'ai observé ci", dans la délicatesse.

Puis de juste dire, "Moi, je critique pas.

Je fais juste observer ça, puis si t'as besoin, moi je suis là".

Tu sais, puis l'affaire c'est que chacun de nous

a une charge, déjà.

Moi, je pense que j'ai développé des façons de nommer les choses, quand je disais, quand
quelqu'un me dit "Je te comprends"

Dis pas ça!

Moi je me suis reformulée cette chose-là, tu sais, de dire, "Je peux imaginer ce que tu
traverses en ce moment".

C'est correct.

Il me semble que...

C'est pas la même chose que "Je te comprends".

Ça c'est assumer que tu sais ce que l'autre ressent dans son corps.

Ça c'est ce que...

Mais tu sais, non, on ne sait pas ça.

Parfois la personne ne la sait même pas elle-même.

Exact!

Exact!

C'est ça!

C'est dire...

"Je te sens moins bien", mais comme...

Puis "Je peux m'imaginer, j'observe que tu travailles beaucoup, je peux m'imaginer.

Moi, je porte aussi, tu sais, une charge lourde.

J'observe que ça va moins bien".

De reconnaître chez l'autre et d'aller de l'avant et de dire "Va chercher de l'aide, va
chercher de l'aide avant que ça devienne encore plus lourd, parce que je te sens perdre,

je te sens dépérir et je m'inquiète".

De le nommer comme ça, c'est important.

C'est une des choses les plus importantes, de pouvoir le dire à l'autre.

C'est de ne pas se le taire.

Je pense qu'on l'observe souvent chez nos collègues, mais on se tait.

...

C'est ça, je trouve que c'est...

Mais encore une fois, je pense qu'il y a un malaise.

Il y a le fait de ne pas savoir comment le dire.

Parce que, tu sais, comme la performance, c'est important.

Au-delà de la performance, c'est l'être humain et de lui refléter : on est des êtres
humains avant tout.

"Je ne doute pas de ta performance, mais je pense que tu commences à être fatigué".

On a tous le droit d'être fatigués, à la limite.

Mais comme tu dis, des fois on a l'impression que...

justement avec le sentiment de devoir, c'est difficile de ralentir ou parfois on va
reconnaître les signaux, on va dire "Bon je dors moins bien, je prends moins soin de moi",

mais on se donne l'impression ou on a...

c'est comme si on était dans un engrenage ou une roue qui tourne sans qu'on ait...

de contrôle.

Je pense qu'une des choses que j'avais trouvée difficile à certains moments, c'était
l'impression de perdre le contrôle sur ma vie.

De perdre le contrôle sur le fait que, parce que je suis soignant, médecin, j'ai des
responsabilités, j'ai un devoir envers moi-même, envers les patients, envers mes

collègues.

De se dire...

je ne me présenterai pas à ma

garde. C'est

impensable. Jamais que quelqu'un, un médecin, ne va pas se présenter à sa

garde. Alors que des fois, on est dans un état qui probablement, où on ne serait pas
capable de donner des soins

sécuritaires. Mais on est là

On est là pareil.

Puis on continue à appuyer sur, justement à alourdir ce manteau de plomb qui...

C'est ça, puis c'est ça, quand la personne elle s'arrête à ce moment-là, ça prend
énormément de temps de se remettre de ça.

C'est tellement rendu profond, c'est ça qui est triste, moi, c'est ce que j'observe.

La personne est tellement maganée, elle s'est tellement maganée, elle s'est tellement pas
écoutée.

C'est fou à quel point j'ai des patients qui se rendent à un certain point leur corps
lâche, ils se fracturent.

Ils essayent de reprendre la course par exemple, les fractures, mettons, au niveau des
orteils.

C'est comme, puis...

il a une appendicite.

C'est comme si le corps s'enflamme.

Il réagit.

Dès qu'il est question de reprendre le travail, d'augmenter le rythme, le corps, il casse.

Il casse.

Il laisse pas la personne reprendre un plus grand rythme.

C'est ça, en tout cas, de ce que moi, j'observe.

Quand tu dis, mettons, les traumas qu'on met de côté, face auxquels on se coupe, c'est
comme si...

on déconnectait de plus en plus le corps et la tête, puis là, on reste dans nos fonctions,
dans nos tâches, puis le corps assume cette lourdeur, cette...

angoisse, cette souffrance, c'est le corps qui l'avait vu, puis là, soudainement, quand ça
casse, c'est comme si la personne se sentait complètement vulnérable,

complètement... Tu sais, la perte de contrôle

Mon corps ne me répond plus.

Mon corps ne veut plus accueillir ce que moi je souhaite dans ma tête.

Moi je veux continuer.

Moi je veux

poursuivre. Puis le corps il ne veut plus, puis c'est là que la personne se sent de moins
en moins

compétente. C'est drôle parce que ça rien à voir là, c'est pas une question de

compétence. C'est une question

T'abuses de ton propre corps, t'abuses de toi-même.

Le principe de Wonder Woman pis Superman, tu sais, ça n'existe pas.

Ce sont des êtres créés, des fictions, tu ça...

Oui.

Oui, c'est ça.

C'est ça que...

C'est ça qu'on se fait dire, fait que...

C'est très difficile, on ne nous apprend pas.

C'est ça que je pense qu'il manque quand même.

En tout cas, j'insiste sur...

Je crois qu'il y a des éléments qui devraient être mis dans le programme de médecine à la
base.

C'est important de vous veiller une fois par semaine, de faire un time-out "Ça va tu?" Je
sais pas comment on pourrait l'instaurer, mais je pense que moi-même, je dois le faire.

À un certain point, j'ai le devoir de veiller sur ma propre santé.

Il n'y a personne d'autre qui va avoir un senseur de...

"Mais là, ça ne pas, Isabel, là".

C'est moi qui le sais.

C'est moi qui...

Mais j'ai le devoir donc de régulièrement faire un petit check-up, comme ma voiture.

Une petite lumière?

"Est-ce qu'il y a des petites lumières d'allumées?" Ça a l'air con , ça ne l'est pas, mais
ça s'apprend.

Ok, là je suis plus tendue, là je suis plus shaky.

Est-ce que j'ai dormi cette semaine?

Est-ce que je me suis bien alimentée?

Est-ce que je vais au toilette quand j'ai besoin d'y aller?

Ça l'air con ça aussi!

C'est pas une machine cette affaire-là, pis même une machine, tu vas au garage, tu sais?

C'est comme...

Il manque...

Il y a quelque chose qui nous manque dans un apprentissage de dire, faut faire des
time-outs.

Tu sais, à quelle fréquence qu'on fait ça, tu sais?

Mais comment on fait ça?

Quelle est la technique?

Moi je le montre à mes patients, fait que c'est comme un petit peu...

euh, n'importe quoi quand...

je le fais pas pour moi-même,

comment... C'est ridicule, mais c'est souvent ça qu'on

fait. Tu sais, on dit aux patients, "Mangez bien, dormez", tu sais, "Prenez du temps pour
vous, allez vous promener", tu

sais... "Bougez",

hein?

On sait tout ça, c'est ça que je disais.

C'est pas un problème de connaissances, mais c'est de l'appliquer, de le mettre en action,
de se l'approprier.

De se l'approprier, mais ça veut dire aussi que si on veut l'appliquer, c'est de
s'approprier cette vulnérabilité-là.

C'est ça.

C'est ça le plus.

C'est ça.

Exact.

C'est de reconnaître sa vulnérabilité, mais pas juste de la reconnaître.

De se l'approprier.

De réaliser...

de l'incorporer dans son propre corps, de connecter avec ça, de cette vulnérabilité-là.

J'ai besoin de sommeil.

J'ai besoin de m'alimenter.

ne peux pas continuer.

Il faut que je prenne une pause.

Oui, je veux faire cette tâche-là, mais je ne peux pas la faire si je n'existe pas.

Si je veux exister, ça vient avec "Je dois me nourrir, je dois dormir", puis je dois me
nourrir pas nécessairement juste de nutriments.

Je dois me nourrir socialement.

La connexion avec l'autre.

La pandémie a été comme terrible.

On a besoin de la connexion avec l'autre, de se réunir, de se reconnaître, de sentir que
l'autre est disponible pour soi et d'aussi être disponible pour l'autre.

C'est un échange.

C'est pour ça que je dis ça, c'est une nourriture aussi.

Ce sont des sphères qui sont très importantes.

Et bien l'autre sorte qui doit se mouvoir.

As-tu vu des patients qui ont perdu leurs repères durant la pandémie?

Oui oui, absolument.

Beaucoup. Et puis qu'ils se sont

enlisés... excusez-le, mais dans la facilité, T'sais,

de...

Texter.

De... "Oui, j'ai parlé à

quelqu'un". "Oui, tu lui as parlé?" "Non, j'ai..." Alors finalement, t'sais, on finit par
comprendre, "Tu l'as

Mm-hmm.

C'est facile, encore une fois, c'est que ça diminue les opportunités de connexion.

Les opportunités de "Eh, comment ça va?" même si de l'autre côté, il n'y a pas de
réception.

Des fois, c'est comme "Comment ça va?

Oui, oui, ça va bien, ouais, ouais, ça va", c'est trop...

Les bonjours de corridors, c'est comme, c'est un sourire, mais c'est...

justement quand j'ai traversé des moments plus difficiles, je me suis mis en mode low
power mode, en batterie faible...

Les fonctions, on va dire, "d'extra" étaient toutes supprimées ou réprimées.

C'était juste l'essentiel, puis le moindre effort.

C'est sûr qu'à ce moment-là, la facilité...

C'est de ne rien faire.

C'est le statu quo.

Oui, puis tu vois, à la limite, au départ, mettons sortir aller voir des gens, c'est
énergivore d'une certaine façon, n'est-ce pas?

Par contre, tu noteras qu'une fois que tu as sorti, que tu es en contact avec l'autre, il
a quelque chose de très naturel qui s'installe.

C'est « ça fait du bien!

» Tu sais, ça fait du bien,

Mais c'est ça, je sens que c'est lourd au départ, et surtout quand la personne est
justement en low battery mode, c'est que tu n'as tellement plus d'énergie, t'es tellement

vidé, que t'as tellement surmené ton système.

L'inertie est très forte.

L'image que tu dis de "s'enliser", je pense que c'est vraiment ça.

Comme s'il n'y avait plus d'options ou que toutes les options étaient trop compliquées.

C'est juste à la limite dans l'extrême, la catatonie.

Avant ça, c'est sûr qu'il y a des choses qui vont...

qui vont prendre le bord.

Et souvent, étant donné que pour plusieurs, de se définir comme médecin, c'est une chose
qui est essentielle à l'identité, quand on enlève ça, il n'y a plus d'identité ou on perd

les repères.

Je me dis, "Je vais faire quoi d'autre?"

Quand j'ai terminé ma résidence, puis j'ai commencé ma pratique, c'est sûr que les
premières années de pratique, c'est une grosse période d'adaptation pour tout le monde.

Mais après ça, c'est comme si j'étais comme un cheval de course qu'on libère, les portes
s'ouvrent, comme la course part.

Les premières années, c'est comme si on restait avec la même énergie, le même entrain,
jusqu'à temps que, en fait, pour moi, ce qui est arrivé, c'est que quand je me suis mis à

ralentir, puis à me questionner sur "Qui suis-je?", "Qu'est-ce que je veux faire d'autre
que de la médecine?", les gens me demandaient c'est quoi tes passions, puis il avait un

blank.

Je ne savais pas.

Hum, ben c'est ça.

Les gens se perdent.

Mais, tu sais, c'est ça qu'ils nous ont aussi appris, hein.

C'est comme si...

Il n'y a pas beaucoup de superviseurs de stage, mettons, qui vont inciter la personne à...

T'sais, à prendre du repos, à prendre du recul, à dire...

T'sais, t'as des journées de vacances, prends-les.

T'sais, t'as des...

On s'entend, là, parce que quand t'es résident, t'as quand même une convention collective,
t'as quand même, t'sais, t'as...

Mais c'est pas tout le monde qui prend ses journées de formation, c'est pas tout le monde
qui prend ses journées de vacances.

Fait qu'ils prennent ses journées d'études, pour les coller toutes, pour les

examens. Fait que c'est comme si on

à être dans l'ultra-performance, donc, on n'est que ça.

Ça m'a tout pris pour, mettons, me réintéresser à la flûte traversière.

Je jouais avant...

Heureusement que j'ai recommencé à tricoter...

Tricoter, une chance que j'ai eu ça parce que sérieusement, si je n'avais pas eu ça, je
pense que...

Je me serais aussi perdue parce que c'est facile, c'est toujours là, la tâche est toujours
accessible.

Parce que c'est sans fin fin les demandes de consultation.

Puis ça aussi, ça a été quelque chose que j'avais eu de la difficulté à assimiler.

C'est justement qu'il n'y en aura pas de fin.

Il n'y aura pas de moment où je vais dire, la tâche est terminée.

Non, il y a tout le temps des nouveaux patients, y a des nouvelles consultations, on a des
cibles.

Comment ça se fait que c'est interprété de cette façon-là, alors que j'essaie de ralentir,
justement, pour ne pas tomber?

Parce que si je ne ralentis pas, je vais...

Complètement, je vais cesser...

Je vais cesser d'être, justement, un effectif.

Oui, bien, c'est sûr que, quand on est résident, oui, on est syndiqués, on a des journées
de vacances, de maladies, tout ça, ce qu'on n'a pas quand on termine.

Puis il a tout le temps l'espèce de culpabilité de dire, bien, si je ralentis ou si j'en
fais moins, bien, ce sont mes collègues qui vont devoir en faire plus.

Puis donc, on se dit, bien, je vais continuer.

Mais le revers de la médaille, c'est une fois qu'il y a un qui tombe au combat, bien là,
ce n'est pas un ralentissement, c'est qu'on perd la ressource.

Puis c'est encore pire.

Perdre un soignant, c'est une perte pour toute la société.

Absolument, et puis comme je le dis, une fois que la personne arrête, excusez-moi, mais si
on veut que la personne puisse revenir...

qu'elle soit au minimum productive, ça prend du temps.

J'ai un thérapeute qui me disait, si on veut avoir des résultats différents, il faut
essayer des choses différentes.

Puis en faisant les mêmes choses, on ne peut pas s'attendre à des résultats différents.

Fait que c'est sûr que j'ai vu, en fait, plusieurs collègues prendre des moments d'arrêt,
reconnaître que ça n'allait pas bien, mais retourner par la suite, puis il n'y a rien qui

a changé.

Autant dans l'environnement de travail que dans leur perception, ou dans leur
comportement, peu importe.

C'est sûr que quand les choses ne changent pas, pourquoi s'attendre à ce que les choses
s'améliorent tout d'un coup?

Parce que c'est sûr, moi comme soignant, je vais toujours être excellent pour prendre soin
des autres.

Avec le temps qu'il me reste, l'énergie qu'il me reste, je verrai si j'ai le temps de
prendre soin de moi.

C'était comme ça que je voyais les choses.

Mais je pense qu'il faut voir les choses un peu à l'inverse.

Comment est-ce que je peux être une personne pleine et entière

et

jouer mon rôle de médecin avec autant de passion?

Pour conclure, y a-t-il des choses que tu aimerais transmettre aux soignants qui vont
écouter ça?

En fait, point principal, c'est de faire soi-même des time-outs, des temps
d'auto-évaluation, de comment on se sent, comment répertorier en soi quand ça ne pas bien.

De prendre le temps de faire comme un scan corporel de son état, des dernières semaines,
de faire au moins une fois par...

deux semaines, une fois par mois, et minimalement.

C'est-à-dire, là, là, comment ça se passe?

Ma santé.

Si je me...

Si je me...

Je sors de ma personne et j'observe sans critiquer.

Ce n'est pas...

L'exercice ici, ce n'est pas d'être dans la critique.

"T'as pas encore fait ça".

Non, ce n'est pas ça.

C'est de se permettre d'être un observateur.

Observer.

J'observe que...

J'ai pas été en mesure de prendre une pause ou d'aller prendre un café avec une amie cette
semaine ou pendant le dernier mois.

Je n'ai pas eu d'interactions avec mes proches.

Je n'ai pas appelé quelqu'un.

C'est fou!

Je fonctionne juste par texto ou dans le mail, ou sinon c'est juste le travail, travail,
travail.

Fait que t'sais, c'est de se positionner comme ça.

Je pense que c'est là où le mouvement pour l'autocompassion, c'est quand même quelque
chose d'important.

Moi, à mes soignants, je leur dis, le manuel d'autocompassion, essayez de le faire.

Vous allez voir que les exercices sont extrêmement difficiles.

Sérieux, ce petit livre-là, le manuel de l'autocompassion, il est tough, il est vraiment
tough.

C'est d'apprendre avec bienveillance, de s'observer.

Je pense que ça, c'est un exercice très important pour soi-même parce que, dans le fond,
on a le répertoire de comment identifier quand ça ne pas chez quelqu'un d'autre, mais chez

soi, on ne l'a pas.

Je pense que ça se développe.

Je crois que de...

faire cet exercice-là et vraiment j'invite les gens à devenir observateurs et non
critiques.

Observateurs bienveillants.

Juste de souligner, ça, j'aimerais améliorer ça.

Au lieu de dire "Il faut

Hmm.

Mais de se permettre, moi je suis une personne, comment je suis comme personne?

Moi je me définis comme un sportif.

C'est drôle, dans les deux dernières semaines, t'as pas beaucoup bougé.

Ok.

J'observe que moi je m'identifie comme une personne sportive.

Alors comment est-ce que je pourrais mettre en place parce que je souhaite être

cette personne sportive.

Qu'est-ce que je suis?

Qu'est-ce que j'aimerais être comme personne?

Qu'est-ce que je souhaite pour moi?

Qu'est-ce que je souhaiterais pour une personne que j'aime?

Puis comment est-ce que je le change?

Des petits changements, une petite chose.

Je vais me mettre à mon horaire un espace où j'appelle un ami.

C'est exactement ce que j'allais dire, prendre un rendez-vous avec soi-même puis avec
d'autres personnes.

Sur comment ça va, ça aussi c'est un rendez-vous dans l'agenda.

Au même titre qu'on remplit notre agenda de tâches, ceci c'est pas, ça c'est essentiel.

Mettre des plages définies pour soi.

Avant-dernière question, si tu avais une baguette magique, qu'est-ce que tu changerais
dans le système de santé?

Beaucoup de choses.

Mais essentiellement, je pense...

Le manque de considération.

Hmm.

Le manque de considération envers les soignants.

Je parle de tout le personnel qui veille aux soins.

On n'est pas des chiffres, on est des gens.

C'est ça qui manque, de nous voir comme des gens et pas comme des effectifs, des chiffres.

Et comme tu disais, le trauma part du fait qu'on ne s'est pas sentis vus ou reconnus.

Actuellement notre système est axé sur qu'est-ce que nous on est capable de donner, notre
performance.

On ne reconnaît pas notre personne.

Comment tu veux qu'on reconnaisse notre propre souffrance aussi?

Impossible.

Dernière question.

Si tu pouvais parler à la Isabel d'il y a 15-20 ans, qu'est-ce que tu lui dirais?

Sérieux, j'ai fait beaucoup beaucoup de changements dans ma vie.

J'ai évolué beaucoup, j'ai réfléchi.

Je suis fière de la personne que je suis devenue.

Et la Isabel, il y a 15 ans, ne pourrait jamais s'imaginer ce qu'elle deviendrait.

Puis je pense que c'est un travail de tous les jours.

Et je suis nettement plus en santé maintenant qu'il y a 15 ans, ça c'est sûr.

Donc, c'est possible.

Mais ça prend du travail et de la considération, puis ça commence par soi.

Puis, c'est pas de l'égoïsme.

C'est qu'il n'y a aucune autre personne que soi qui est capable de définir quelles sont
les limites.

Et les limites ne sont pas des faiblesses.

Ce sont des forces, c'est une force que de reconnaître ses limites.

Une des phrases clés que les gens me disent souvent, c'est qu'on ne pas prendre soin des
autres si ne pas soin de soi.

Puis ça a l'air niaiseux à dire, puis on est très bon pour même la dire, cette phrase-là,
mais pas nécessairement l'appliquer.

Mais je pense que, des fois, il faut juste passer à l'action.

Commencer par un petit geste, prendre rendez-vous avec soi-même, parler à un ami.

Ça fait boule de neige, éventuellement.

Puis l'espoir revient.

C'est ça, des fois, qui est perdu, c'est qu'il n'y a plus d'espoir.

On ne voit plus les issues.

On ne voit plus, justement,

le mode survie qui devrait s'auto-activer, un moment donné, ça s'éteint.

Mais les braises ne s'éteignent jamais.

Le feu peut se rallumer.

Il faut juste prendre le temps de l'entretenir.

Exactement, c'est ça.

C'est des petits gestes.

C'est pour ça que je pense que prendre rendez-vous avec soi-même, c'est ça, j'invite
vraiment à demeurer dans l'observation au lieu de la critique.

Je pense que ça, c'est aidant beaucoup.

C'est ça, comme tu dis bien, comme le phénix.

On est capables de renaître de ses cendres.

Je te remercie énormément pour le temps qu'on a passé ensemble.

Je savais que ça allait être passionnant, mais c'était au-delà de mes attentes.

Puis, je commence à parler un petit peu plus aux gens, tu as rejoins beaucoup de thèmes,
je pense, qui sont communs, que plusieurs personnes soulèvent.

Des fois, justement, on a l'impression d'être tout seul à vivre ces situations-là, mais au
contraire.

C'est quand on en parle, quand on utilise des mots pour nommer ces choses-là que là, ça
devient concret.

Je te remercie encore.

Mais ça m'a fait plaisir et je te remercie avec ton projet parce que c'est comme ça qu'on
va briser la glace et qu'on va créer des ponts entre nous.

Super.

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Créateurs et invités

person
Hôte
Steven Palanchuck, MD
Médecin et fondateur de VociNova – La nouvelle voix des soignants. Créateur du balado Soigner jusqu’à se briser et de MedicaBot - Dialogue & Dx, il met en lumière la détresse des soignants et les enjeux du système de santé.

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